Les principaux constructeurs automobiles historiques, ainsi que de nouveaux entrants sur le marchés tels Tesla ou encore Google et Apple, ont chacun leur projet de voiture autonome, à des degrés de développement plus ou moins avancés. Toutefois, les premiers projets de voiture autonome ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, les bases de la voiture sans chauffeur, pour reprendre la terminologie de l’époque, ont été posées dès les années 80.
Les principaux constructeurs de l’époque, Peugeot-Citroën, Renault, Nissan, Honda ou encore Volvo, ont chacun planché sur l’automobile des années 2000 et proposé, au travers de concept-cars, des projets plus ou moins aboutis. Le projet de recherche Prometheus (pour PROgraM for European Traffic with Highest Efficiency and Unprecedented Safety) financé entre 1986 et 1994 par la Commission Européenne réunissait même les principaux constructeurs européens en vu de définir une normalisation de l’automatisation de la conduite automobile, améliorer la sécurité, optimiser la consommation d’énergie et réduire la pollution. Les bases de la voiture autonome sont posées : vision de nuit, détection d’obstacles, suivi de lignes blanches, assistance à la conduite…
PSA met au point un prototype de 405 Break entièrement automatisée doté de capteurs à ultrasons installés dans les pare-chocs permettant de localiser un obstacle ou un autre véhicule. La mise au point d’un système anti-collision efficace suppose non seulement la conception de dispositifs de localisation extrêmement précis pour le traitement en temps réel, mais également une maîtrise complète de tous les facteurs potentiels d’accident (pluie, brouillard, nuit mais aussi mauvais réflexes, freinage brusque…). A partir de là, il s’agit de définir les procédures automatiques d’une stratégie d’évitement adaptée à chaque situation.
Dès les années 80, les micro-processeurs tout justes naissants ont commencé à envahir notre quotidien. L’automobile a été un des premiers secteurs à les intégrer dans ses produits ; les voitures sont depuis lors de plus en plus truffées de capteurs de toute sorte, de moins d’une dizaine dans les années 80 sur les véhicules haut de gamme (essentiellement des témoins d’état : la jauge de carburant, les compte-tours et de vitesse, les témoins d’huile, de température, de contrôle d’usure des plaquettes de freins…) à plusieurs dizaines actuellement présents sur tous les véhicules du marché (incluant des contrôles du moteur et de la sécurité). Le multiplexage et ses centaines de mètres de câblage font également leur apparition.
L’intelligence artificielle et les systèmes experts prenaient leur envol. Micro-processeurs et logiciels, véritable cerveau de la voiture autonome, forment une duo incontournable. Toutefois, ce qu’il manquait à l’époque pour concrétiser tous ces projets c’était la puissance de calcul et les capacités de stockage pour répondre aux besoins de calcul temps réel des véhicules autonomes… ce qui n’est plus le cas actuellement.
Quelques articles d’époque :
- Volvo : voiture et ordinateur, Micro-Systèmes n° 13 (septembre-octobre 1980), p. 37 : ce concept-car de Volvo est doté d’un micro-processeur qui assure le suivi des principaux éléments vitaux de la voiture : température du moteur, pression des pneus… Ces informations s’affichent sur deux écrans cathodiques situés au niveau du tableau de bord.
- Un bison futé électronique, Micro-Systèmes n° 22 (mars-avril 1982), p. 49 : Honda installera bien un “bison futé électronique” dans ses voitures : il s’agit d’un système offrant la possibilité, grâce à un écran sur le tableau de bord, de se diriger et de visualiser le chemin parcouru.
- Automobile : le Japon dans la course au futur, Micro-Systèmes n° 36 (novembre 1983), p. 27 : après Ford et Renault, Nissan joue la carte – routière – de l’an 2000… avec sa NRV II. Ce véhicule surveille le conducteur et traque sa moindre défaillance. Un synthétiseur vocal rappelle le conducteur à l’ordre. Bien entendu, les cartes routières s’affichent sur le tableau de bord avec synthèse vocale…
- Publicité pour la Renault 11 Electronic (1985) : pour 65 800 Francs, la Renault 11 Electronic est dotée d’un ordinateur de bord avec voix de synthèse et affichage numérique : éclairage défectueux, manque d’essence, température… le conducteur est assisté en permanence… Mieux que K2000 !
- La voiture sans chauffeur, Science & Vie Micro 29 (juin 1986), p. 38 : Renault vient d’annoncer officiellement, le 20 mai dernier, sa participation au projet Prometheus, un ambitieux programme d’automatisation de la conduite automobile rassemblant les principaux constructeurs européens. Ce projet, qui fait appel à un ordinateur de bord, devrait notamment permettre à chaque conducteur de connaître instantanément sa position sur n’importe quelle route, grâce à une carte informatisée sur CD-ROM : la voiture indiquerait elle-même les changements de direction nécessaires pour aller d’une ville à une autre. Mais ce n’est que l’aspect le plus spectaculaire de Prometheus, qui devrait aussi nous rapprocher de la voiture qui se conduit toute seule… Encore un domaine où l’alliance de la micro-informatique et des télécommunications va bouleverser la vie quotidienne. Voici, en avant-première, le profil de la voiture de demain.
- L’informatique embarquée – L’ordinateur au volant, L’Ordinateur Individuel n° 102 (avril 1988), p. 92 : le tableau de bord du véhicule de l’an 2000 se dessine peu à peu. Il intègre le dernier cri de l’électronique embarquée : écran tactile, microprocesseurs, disque compact. Fini les gadgets ! La voiture du futur mobilise à l’échelon européen des équipes de recherche de premier plan.
- L’ordinateur prend le volant, Science & Vie Micro 67 (décembre 1989), p. 200 : La voiture de l’an 2000 ne sera pas un bolide infernal à la vitesse surmultipliée et aux lignes extravagantes. A l’aube du XXIème siècle, exploitant les techniques de pointe en matière d’électronique, d’intelligence artificielle et de télécommunications, les constructeurs nous préparent, en effet, une nouvelle race de véhicules : les automobiles intelligentes. Aide à la navigation, diagnostic automatique des pannes, communication avec l’environnement routier, procédé de localisation radars anti-collisions et une multitude d’autres systèmes experts embarqués : pour les automobilistes s’ouvre définitivement l’ère de la conduite entièrement assistée. Une perspective qui en Europe, sous l’emblème d’Eureka, prend la forme d’un programme d’une ambition inégalée : Prometheus.
Les documents reproduits ci-dessus sont issus de ma collection personnelle.
Approfondir le sujet :
L’informatique des années 80 / Ma collection / Ma documentation / Quelques idées de lecture
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