Ce week end, j’ai exhumé d’un vieux carton oublié depuis longtemps une relique de mon adolescence : une disquette 5 »1/4 (prononcer cinq pouces un quart). Les plus jeunes ne connaissent peut-être pas… Mais l’ancêtre du DVD-ROM et de la clef USB est la disquette ! Malheureusement, je n’ai pas de lecteur de disquette 5 »1/4 ! Donc impossible d’accéder à mes précieux fichiers… Tout à coup, je viens de réaliser que les nouvelles avancées technologiques condamnent au fur et à mesure de leur apparition les technologies antérieures… et les données liées à ses technologies. Ce problème peut sembler anecdotique mais malheureusement il touche insidieusement tous les secteurs de l’activité humaine : le cinéma perd à chaque heure qui passe des heures de films du début du XXème siècle, les fichiers stockés sur bandes ou cartes perforés dans les années 60-70 par les administrations et entreprises sont certainement inaccessibles et il en est de même pour les données générées lors des débuts de la micro-informatique (années 80) sur des systèmes aussi ésotériques que rares.
Il faut bien avoir conscience que les standards d’aujourd’hui apparaîtront obsolètes demain et seront supplantés par d’autres plus aboutis… et pas nécessairement rétrocompatibles. Se pose alors le problème de la portabilité et de l’accessibilité des données à terme dans une civilisation qui tend à dématérialiser tous ses écrits et ses arts. Les témoignages du passé qui ont traversé les époques et l’histoire malgré les guerres et les révolutions technologiques et que nous découvrons et redécouvrons tous les jours avec émerveillement (écrits antiques et religieux, pierre de Rosette, parchemin égyptiens…) sont lisibles encore actuellement par nous. Il n’est pas certains que nos écrits contemporains le soient encore dans un ou deux siècles ! Cette problématique est partagée par le responsable informatique de chaque entreprise. Régulièrement, le système informatique doit subir un toilettage plus ou moins profond qui se traduit tôt ou tard par un changement complet. A cette occasion, il se rend souvent compte que moultes données ne sont pas récupérables sur le nouveau système… sauf à dépenser des sommes importantes en frais de conversion.
Deux problématiques concomitantes se font jour :
– Les formats des supports (VHS, cassettes audio, disquettes 5 ¼, CD-ROM, DVD…) : au fur et à mesure de l’amélioration des techniques de stockage, les supports se font plus petits et peuvent contenir plus de données avec pour corolaire l’abandon des précédents formats. Notons cependant l’exception du CD (créé à la fin des années 70) remplacé par le DVD dans les années 90 avec des dimensions identiques permettant la rétrocompatibilité des lecteurs optiques.
– Les formats des fichiers : les fichiers images au format Jpeg, la musique au format MP3, les documents PDF… paraissent familiers aux utilisateurs d’aujourd’hui. Mais demain qu’en sera-t-il ?
Pour ne rien arranger, les grands groupes d’électroniques se livrent à des guerres des formats (qui se souvient des disquettes 3″, du disque laser vidéo ou encore du récent HD DVD ?) à des fins mercantiles au détriment des utilisateurs (consommateur et entreprises). Celui qui remportent le combat est garanti de percevoir des redevances durant de longues années… Mais l’utilisateur et ses données ont à faire face à un problème de poids, celui de la conservation des matériels et des logiciels ou de la conversion des données sur un nouveau support et dans de nouveaux formats. L’abandon des formats propriétaires et la normalisation (pour ne pas dire la stabilisation) des standards au niveau international doit permettre à l’entreprise et plus généralement à la communauté d’accéder à des données dans le temps.
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